
Unité de Recherche sur la Biologie des Coraux Précieux CSM - CHANEL Renouvellement de la convention de partenariat
Le Centre Scientifique de Monaco et la Maison CHANEL ont renouvelé la convention de
partenariat qui les lie depuis 2019, pour une nouvelle période de six années.
L’Unité de Recherche sur la Biologie des Coraux Précieux mène des programmes de recherche
fondamentale pour comprendre les processus essentiels de la vie du corail rouge et contribuer à la
protection de cette espèce emblématique de la Méditerranée.
Exploité depuis des millénaires, le squelette du corail rouge a servi à la bijouterie, à la médecine et à
l’ornement religieux. Aujourd’hui, il est menacé par la surpêche, la pollution d’origine humaine et le
réchauffement climatique. Sa croissance très lente en fait un trésor naturel qu’il est indispensable
de préserver. Espèce emblématique de la Méditerranée, il constitue la clé de voûte de l’écosystème
coralligène, qui abrite près de 20 % des espèces marines connues de cette mer.
CHANEL Joaillerie soutient, avec le Centre Scientifique de Monaco, des programmes de recherche qui
visent à mieux comprendre les mécanismes de croissance de cet animal, la formation de sa couleur
particulière, et qui permettent d’établir des solutions innovantes afin de contribuer à la conservation
de cette espèce.
« Chanel Horlogerie Joaillerie est fier de renouveler aujourd’hui son engagement, pour les 6
prochaines années, auprès du Centre Scientifique de Monaco autour de la recherche sur le corail
rouge. La protection de l’environnement et celle des océans en particulier sont primordiales pour la
Maison, c’est pourquoi nous souhaitons mener des initiatives en cohérence avec notre univers dont
l’objectif est d’aider au développement durable et à la préservation de l’environnement. »
Frédéric GRANGIÉ — Président CHANEL Horlogerie-Joaillerie
« Dans le cadre de cette collaboration, notre unité de recherche a obtenu une moisson exceptionnelle
de résultats inédits, donnant lieu à la publication d’une vingtaine d’articles scientifiques. Ces travaux
ont permis de décrire avec précision plusieurs mécanismes biologiques jusque-là peu caractérisés
chez le corail rouge. Parmi ces découvertes figurent les processus liés à la formation du squelette,
ainsi que la caractérisation des micro-organismes associés à l’animal. L’effet des changements
environnementaux est également étudié, grâce à une approche combinant expériences en
laboratoire et observations de terrain. Enfin, nous avons conduit des expériences dans des grottes
immergées en mer, qui ont permis de tester les conditions optimales pour la fixation des larves
et le développement de jeunes coraux. Ces avancées majeures, renforcées par les naissances
enregistrées dans le cadre de notre programme de reproduction protégée en milieu naturel, ouvrent
des perspectives particulièrement prometteuses. En complément, il convient de souligner que les
chercheurs en charge du projet ont également encadré deux thèses, dont les soutenances sont
prévues fin 2025. Celles-ci témoignent de la transmission des connaissances et de la formation de
la relève scientifique. »
Sylvie Tambutté — Directrice Scientifique — Centre Scientifique de Monaco
Document complémentaire
UNE MOISSON DE RESULTATS
Les travaux développés par l’Unité de Recherche sur la Biologie des Coraux Précieux CSM – CHANEL
depuis sa création en 2019 ont permis non seulement des avancées majeures sur la biologie du corail
rouge, mais également le développement de méthodologies innovantes visant à établir les bases
scientifiques de la culture du corail en mer. Voici quelques résultats marquants.
Des hormones pour contrôler la croissance du corail rouge : tout comme chez l’être humain, des
hormones sont présentes chez le corail rouge et participent à réguler sa physiologie. Nos recherches
montrent qu’elles interviennent directement dans le contrôle de la croissance de son squelette. Cette
découverte ouvre la voie à une approche innovante : stimuler la croissance du corail en laboratoire,
une avancée prometteuse pour mieux comprendre – et peut-être protéger – cette espèce précieuse.
Du gène à la forme : quand le génome sculpte le squelette. Comment notre génome contrôle-t-il
la forme de nos os ? La question reste encore largement ouverte. L’étude de la formation du squelette
chez le corail rouge apporte un début de réponse : certaines molécules organiques jouent le rôle de
charpente, guidant la construction et la forme du futur squelette.
Des processus cellulaires complexes. Dès le XIXe siècle, le biologiste Henri de Lacaze-Duthiers avait
exploré l’’histologie du corail rouge, mais cette espèce est longtemps restée à l’écart des avancées
modernes en microscopie. Grâce aux techniques actuelles, nous avons révélé une organisation
anatomique bien plus élaborée avec notamment la présence d’un un réseau sophistiqué de cellules
interconnectées, produisant des granules calcaires appelés spicules.
Un microbiome original, essentiel à la vie du corail. Comme chez l’être humain, le corail rouge
abrite un microbiome unique, composé de bactéries spécifiques, notamment des Spirochètes, qui
participent directement à sa nutrition et au maintien de sa vitalité.
La découverte de microbes insoupçonnés. Grâce au développement d’une méthodologie innovante,
nous avons révélé la présence de champignons symbiotiques très spécifiques au corail rouge. Leur
identification ouvre une nouvelle fenêtre de compréhension sur leur rôle essentiel dans la biologie de
cet organisme.
Microbiome et mortalités massives. Tout comme sur terre, la mer connaît des « canicules marines
» responsables de mortalités massives de nombreux invertébrés, dont les éponges, les gorgones et
le corail rouge. Nos recherches montrent que le microbiome du corail est particulièrement vulnérable
à ce stress thermique : il reste déséquilibré même après un retour à des températures normales,
favorisant l’installation de bactéries opportunistes et parfois pathogènes. Cette fragilité pourrait
accroître la vulnérabilité du corail rouge face aux vagues de chaleur, de plus en plus fréquentes.
La science au service de la restauration corallienne. Restaurer un écosystème, c’est favoriser la
régénération des milieux dégradés tout en protégeant ceux qui subsistent. Si la restauration terrestre
bénéficie déjà d’une longue expérience, celle des milieux marins côtiers reste balbutiante. Dans le
cadre de notre programme de recherche, nous avons immergé à 40 mètres de profondeur, dans
les eaux monégasques, des grottes artificielles en béton. De véritables laboratoires sous-marins, où
nous testons de nouvelles approches pour optimiser la reproduction du corail rouge et stimuler la
croissance de jeunes colonies. À ce jour, nous avons obtenu chaque année 200 à 300 jeunes coraux
dont nous suivons la croissance. Ces travaux ouvrent la voie à de futurs programmes de restauration
du coralligène, inscrits dans l’ambition de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des
écosystèmes (2021-2030).